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Usines des eaux (anciennes)

1867 ; 1907
Présentation
Évoquer l'ancienne usine hydraulique de la rue du Dr Fanton, nécessite de retracer l'ensemble des installations qui l'ont précédée, complétée ou succédée.

Pour toutes, une motivation commune

Façade de l'ancienne usinede
la rue du Dr Fanton

: le souci des autorités de permettre la distribution aux habitants d'une eau courante saine.

Bien après que les aqueducs romains des Alpilles eurent cesser de fonctionner, et avant l'approvisionnement actuel depuis une nappe phréatique de la Crau, les Arlésiens durent se contenter des eaux du Rhône ou des nombreux canaux de la ville.

Et ceci avec des risques sanitaires majeurs.

Il faudra attendre le XIXe siècle pour que ces problèmes soient abordés... et le XXe pour qu'ils soient correctement résolus.

Et dans ces progrès successifs, le bâtiment d'Auguste Véran ne jouera finalement qu'un rôle modeste, au regard de son empreinte architecturale encore visible.

Histoire
Un projet de service public des eaux, fait l'objet en 1846, à la demande des élus, d'une première étude par M. Beau, ingénieur des chemins de fer.

Le contexte politique révolutionnaire contrariera

Ancien château d'eau de l'Hauture

cette initiative.

Reprise en 1850 par Félix Chauchard, elle donne lieu à une première installation, assez sommaire, dont l'exploitation est concédée à son concepteur.

Mais celle-ci montre vite ses limites, techniques et financières, si bien que la Ville en rachète la propriété dès 1854 et s'emploie, sans guère de succès, à la moderniser.

L'urgence domine toujours : la mortalité demeure anormalement élevée et les Arlésiens continuent d'être frappés périodiquement de meurtrières épidémies de choléra.

En 1862, l'architecte municipal Auguste Véran est chargé d'établir les plans et les prescriptions techniques d'une usine de traitement et de distribution hydraulique.

Construite entre 1863 et 1867, elle aura nécessité un emprunt de 220 000 francs et entrainera la destruction partielle du cloitre de l'ancien couvent des Dominicains.

Malgré ces nouveaux équipements, le constat, à la fin du Second Empire, demeure bien peu satisfaisant. Pourtant, en 1875, la distribution des eaux est à nouveau confiée à un concessionnaire, Émile Chauchard, fils du précédent. Elle est prévue pour une durée de 40 ans, sans obligation faite de procéder à quelque épuration de l'eau du Rhône...

Dans ces conditions, la situation ne s'améliore guère et la ville décide de reprendre la main plus sérieusement.

En 1907, entre en fonction une véritable usine de traitement des eaux, place Lamartine. Elle sera agrandie et modernisée dès 1912. Par ailleurs, conduites et bassins sont reconstruits. L'usine sera agrandie en 1928 et les traitements chimiques de l'eau introduits.

Place Lamartine, une nouvelle usine est mise en service en 1954, à proximité de l'ancienne, largement détruite pat les bombardements. Elle utilise toujours l'eau du Rhône, stérilisée par l'ozone. L'installation sera utilisée jusqu'en 1977, mise en veille à cette date, pour finalement laisser place au chantier du nouveau collège Mistral en 2008.

Le site de la rue du Dr Fanton continuera d'être exploité jusqu'en 1935. Après quoi il connaîtra diverses affectations : bureau d'hygiène puis, plus récemment, siège des Rencontres d'Arles.

Par ailleurs, l'alimentation des villages donne lieu à divers sondages. L'un d'entre eux, à Saint-Hyppolite, dans la nappe de la Crau, donne des résultats particulièrement satisfaisants et alimente Moulès et Raphèle dès 1960.

Cette même année est édifiée en ville la tour qui domine les réservoirs de la Major afin d'alimenter avec la pression nécessaire le quartier de l'Hauture.

Mais la pollution réelle ou potentielle du Rhône – les sites nucléaires se multiplient en amont – incite à étendre à l'agglomération arlésienne une alimentation depuis la nappe de la Crau, de si belle qualité. Ce sera chose faite dans les années 1970.

Une centaine d'années auront donc été nécessaires pour améliorer de diverses manières le traitement de l'eau du Rhône... et pour finalement s'en affranchir.

Localisation

L'usine du XIXe siècle est encore visible au 34 de la rue du Dr Fanton, dans le quartier du Méjan. Celle du XXe siècle était située au nord de la Place Lamartine (sud du quartier du Trébon). La tour et les bassins de la Major, rue de la Madeleine (quartier de l'Hauture), sont occupés aujourd'hui par le LERM (Laboratoire d'Etudes et de Recherche sur les Matériaux).

Descriptif
La première installation des années 1850 consiste en une modeste pompe à vapeur installée au bord du Rhône, en aval de la roubine du Roi déjà fort polluée.

L'eau puisée est élevée à

Aperçu de l'usine de la place Lamartine

travers une conduite en poterie au sommet de l'Hauture, point culminant de la ville. Entreposée dans des réservoirs, elle est ensuite redistribuée par gravitation à travers les rues.

Les modernisations apportées par la municipalité peu après consistent en une pompe plus puissante, et deux réservoirs plus grands et plus solides.

Avec son allure rigide et sévère, l'usine hydraulique de la rue du Dr Fanton (alors, pour partie, rue Neuve) est caractéristique des établissements industriels publics de la fin du XIXe siècle.

Son architecture néoclassique et sa décoration soignée semblent vouloir magnifier la fonction utilitaire du bâtiment en un temple dédié à la modernité de l'eau courante.

Le corps central, qui en fait abritait une pompe, a la forme d'une grande halle et présente en sa partie inférieure un portail monumental. Elle est flanquée de bâtiments plus petits à l'architecture sobre et fonctionnelle

En 1869 la ville ajoute un lavoir public d'eau chaude dans la cour de l'usine.

Place Lamartine, c'est le procédé Puech-Chabal qui est retenu. Il consiste en plusieurs bassins de décantation et filtrage. L'élévation de l'eau passe désormais par des conduites en fonte galvanisée pour atteindre des bassins couverts.

Comme en témoigne un tiré-à-part de la Revue Eau et hygiène de 1911, ces installations fournissent à la veille de la Grande Guerre une eau considérée comme potable. Elles seront progressivement agrandies et modernisées dans les décennies suivantes.

A la station actuelle de Saint-Hippolyte, l'eau est puisée par quatre puissante pompes, équipant cinq forages à vingt mètres dans le sous-sol rocheux de la Crau. L'eau est traitée par injection de chlore gazeux et rejoint la ville via deux châteaux d'eau enterrés à proximité de Pont de Crau.

Restauration
Evenement
Visite
Partiellement visibles rue du Dr Fanton et rue de la Madeleine. Edifice détruit place Lamartine.
Document