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Hôtel Icard-Pérignan

1651
Présentation

Un des "grotesques" de
la façade de l'hôtel

Parmi le vaste essor architectural initié par la noblesse dès la Renaissance, l'hôtel d'Icard-Périgan, construit au milieu du XVIIe siècle, étonne à plus d'un titre.

Niché à l'extrémité d'un quartier populaire, ses dimensions tranchent au sein d'un habitat modeste, duquel il a réemployé une partie des fondations et des matériaux.

Construit par une famille de nouvelle noblesse, il n'en sera la demeure que quelques décennies, avant d'être profondément transformé.

Enfin, l'hôtel Icard-Pérignan se distingue par une décoration extérieure soignée et fort pittoresque, malheureusement bien endommagée aujourd'hui.

Histoire
Originaire des Saintes-Maries-de-la-Mer, la famille Icard s'installe à Arles à la fin du XVIe siècle.

Elle occupe un temps l'hôtel Courtois de Langlade dans le quartier de la Cité.

En

Blason de la famille

1608, Nicolas d'Icard est anobli par Henri IV pour faits d'armes pendant la Ligue et fonde la branche des Icard-Pérignan.

La famille appartient donc à la nouvelle noblesse, celle distinguée par le roi en raison d'une carrière militaire ou politique de ses membres.

Un prix-fait (devis) datant de 1651 atteste de l'installation de la famille dans le quartier du Vieux-Bourg, rue du Bourg (actuels quartier de la Roquette et rue du même nom).

Son commanditaire en est le Sieur Nicolas d'Icard-Pérignan, écuyer de la ville ; Dominique Pilleporte, qui participera plus tard à la construction de l'hôtel de ville, en est le maitre d'œuvre et sculpteur.

Le document notarié nous apprend que Nicolas exige le réemploi partiel des fondations, des pierres et de divers matériaux de maisons acquises par son père en ce quartier.

Cette pratique, assez courante à l'époque, permettait un gain de temps et une réduction des coûts appréciables.

Dès le début du XVIIIe s., la demeure est délaissée par la famille, dont la dernière représentante, Julie, rejoindra par alliance en 1764 les Perrin de Jonquières.

L'hôtel sera transformé pour devenir une manufacture de tabac, activité alors florissante en cette partie de la ville, qui perdurera presque tout le siècle.

En 1782 se produisit l'effondrement du plancher du second étage du bâtiment. Cet accident fit plusieurs morts et les murs du troisième niveau ne furent jamais reconstruits, ce qui explique l'aspect tronqué de ce dernier.

Au tournant du XIXe siècle le vaste bâtiment sera vendu, morcelé et dénaturé par divers propriétaires successifs.

Il abrite aujourd'hui plusieurs logements.

Localisation

L'ancien hôtel correspond aux adresses actuelles : 42 à 50 rue de la Roquette et 35 à 37 rue Croix Rouge.

Descriptif
L'hôtel, situé au croisement de deux rues, occupait quelque 550 m2 du parcellaire actuel.

Cette surface est considérable comparée à la moyenne de celles des habitations du quartier.

Le

Restitution présumée
de la façade sud-est

plan d'origine, compact et de forme géométrique irrégulière, présente encore deux grande façades, l'une au sud-est avec retour sur la rue Croix-Rouge, l'autre à l'ouest dans cette même rue.

La grande précision du prix-fait de 1651 permet de connaître la distribution initiale des pièces, depuis largement remaniée.

Au rez-de-chaussée se trouvaient les communs : cuisine avec dépendance en extérieur, arrière-cuisine, salle basse nommée grenier, écuries et accès à une cave en sous-sol.

Le premier étage, dit « noble », présentait une grande salle avec salon attenant, la chambre des maîtres, un cabinet de tableaux, et une bibliothèque. S'y ajoutaient trois autres chambres, dont deux pour les domestiques.

Au second étage, on trouvait la chambre des enfants, deux galetas et trois pièces sans affectations connues.

A l'angle nord du bâtiment, un large escalier à volées droites permettait d'accéder aux deux étages et à une terrasse ; existaient également deux escaliers à vis réservés à la domesticité.

Les façades, en pierre de taille, étaient rythmées par de vastes baies rectangulaires à encadrement mouluré et décoré, hautes de plus de 3 m. Celles du rez-de-chaussée ont disparues ; celles des étages sont largement murées ou modifiées.

Par comparaison avec le bâti de l'époque, on peut penser qu'existait, au moins sur l'une des façades, une porte cochère donnant accès à la basse-cour et à l'escalier monumental. Il n'en demeure cependant aucun vestige, et, plus curieusement, le prix-fait n'en fait pas mention.

Les deux étages étaient séparés chacun par une mouluration. Les vastes baies prenaient appui sur une autre corniche moulurée faisant ressaut et se terminant en saillie (larmier) dans sa partie basse, accentuant ainsi l'effet horizontal de l'ordonnancement.

Les allèges étaient décorées de lambrequins évoquant des tentures, des passementeries ou des feuillages.

Certaines d'entre elles présentent encore un autre décor fait de deux rinceaux de feuillages affrontés, de tenture bordée de glands, avec, en leur centre des « grotesques », têtes d'homme-animal grimaçantes.

Ces figures chimériques sont reprises dans la partie supérieures des baies. Elles s'inspirent d'un maniérisme bourguignon, très en vogue en Provence de la fin du XVIe au milieu du XVIIe, en réaction au classicisme de la Renaissance.

Plus sobrement, le dernier niveau, partiellement tronqué par rapport à son élévation initiale, présente des lambrequins de même inspiration, mais plus simples et tous identiques.

La façade ouest de la rue Croix-Rouge reprend sensiblement la même ordonnance, autant que puisse le laisser voir le mauvais état de conservation.

Seul le retour de façade du 50 rue de la Roquette présente encore les trois niveaux d'élévation d'origine et son décor au répertoire végétal et animal quasiment intégral.

De la décoration intérieure initiale ne subsistent guère que des vestiges de sol recouvert de bards (pierre plate) de Beaucaire coupés en carré, surmonté d'un plafond à la française, et d'une frise peinte en haut des murs.

Restauration
Evenement
Visite
Partiellement visible de l'extérieur.
Document